Une journée de beau temps…
Posted in Uncategorized
La Fin qui n’en est pas une
Les choses se sont précipitées en trois semaines. Un nouvel appart, bientôt un boulot et même un nouvel ordi (un iMac qui remplace mon fidèle Vaio qui aura survécu à deux dures années). La tornade du retour et ses obligations, envies et réajustements est maintenant passée. Je peux reprendre le cours d’une vie ‘normale’. Il y a tant de choses que je veux partager avec les amis et ainsi qu’à travers ce blog que je ne sais même pas par où commencer.
Comme première étape, je vais enfin pouvoir travailler de manière ‘pro’ sur les quelques 12 000 photos qui sont les témoins de mon voyage. Il m’est maintenant bien plus facile de les indexer, de les corriger et même de les publier. Attendez-vous à ce que mon compte Flickr subisse de grands changements dans les prochains jours. Par ailleurs, il y a plusieurs articles sur des sujets génériques ayant trait au voyage qui attendent sur mon disque dur. Quel équipement choisir, comment faire, quelques astuces, tout y est. Je finirai bien par les poster d’ici quelques semaines.
Enfin, pour terminer, je voulais vous remercier. L’écriture ainsi que la photographie permettent de partager les moments forts d’un voyage et garder une forme de contact avec un monde qui nous est familier. C’est établir le lien entre ce monde étranger que l’on découvre et celui à qui on appartient. Écrire sur ce que l’on vit, c’est aussi y trouver un sens. C’est donc grâce à vous, lecteurs fidèles ou simplement de passage, que j’ai pu vivre ces deux ans de cette manière. Merci d’avoir été là et merci pour les commentaires au fil des articles!
Bien cordialement,
-Richard
Posted in Uncategorized
La Grande Finale Chinoise
Difficile d’écrire après le retour. J’aurais voulu parler de la Chine à nouveau, de ces semaines entre le charme du Yunnan, la magnificence du Tibet et, enfin, la surprise de Pékin. Ce pays était la dernière étape avant le retour, l’ultime chance de découvrir du nouveau avant de me refaire une place dans ce monde parisien que je connais trop bien.
Si je n’ai pas été convaincu par la Chine en général, j’y ai tout de même passé de très bons moments. L’arrivée dans le Yunnan a tout changé. D’accord, Dali et Lijiang sont aussi des endroits où il faut partager le charme d’une Chine de jadis avec des milliers de touristes locaux qui s’entassent dans les magasins de souvenirs. Pourtant, avec un peu de recul et de patience, la région est magnifique. À la porte du Tibet, les montagnes font bon ménage avec des ethnies locales aux habits traditionnels bien loin des mini-jupes et des fringues de designers que la clientèle de Shanghai et Beijing vient y exhiber. C’est un voyage dans le temps, où trois heurs de bus nous ramènent il y a quelques siècles.
Puisque les montagnes sont des amies de longue date lors de ce voyage, je les ai suivies jusqu’au Sichuan, à Chengdu, et ensuite, pourquoi pas, au Tibet. Ce détour par ce pays dans un pays était totalement improvisé, une décision suite à la rencontre de deux sympathiques anglais, Mike et Steve. Parti sur un coup de tête avec eux jusqu’à Lhasa, je prenais place à bord de ce fameux train qui traverse le haut plateau tibétain pour en rejoindre la capitale. Des gares à 5000m d’altitude, des troupeaux de yaks broutant la timide herbe qui s’accroche à la surface de ces immenses plaines ceinturées de montagnes aux sommets enneigés, le parcours de train est spectaculaire. Il le faut bien d’ailleurs car il durera 45h…deux nuits à bord, à admirer le paysage et sentir graduellement le manque d’oxygène nous affecter.
Malheureusement, on ne visite pas le Tibet comme on visite le reste de la Chine. Permis spéciaux, présence obligatoire d’un guide, coûts des visites exorbitants, les choses ne sont pas si simples. Au final, j’admets que le jeu en valait bien la chandelle car les paysages sont grandioses et les quelques vestiges des anciens royaumes du Tibet impressionnent. Ces palais-monastères, comme le Potala, le plus fameux, accrochent leurs murs épais aux montagnes et paraissent être à l’épreuve du temps (et de l’invasion chinoise..). La route qui nous amène au camp de base de l’Everest n’en finit plus de nous en mettre plein la vue avec ses lacs aux eaux turquoises, ses vallées glacières, ses montagnes à perte de vue et, parfois, un petit hameau couvert de drapeaux de prière tibétains. Enfin, au pied de l’Everest, devant la majesté de l’Himalaya, je repense aux débuts de ce périple de deux ans, alors que j’étais admiratif de l’Annapurna, de l’autre côté de la frontière. La boucle est bouclée, ce n’est pas parce que la Chine n’était pas comparable à mes autres destinations qu’elle n’avait pas un rôle à jouer dans mon histoire. J’ai fait le voyage dont je rêvais, je suis allé là où je voulais. Je sais maintenant où je veux aller de nouveau et où d’autres destinations m’attendent.
L’épilogue du voyage se déroulera ensuite à Pékin, avec quelques amis rencontrés sur place. Un couple d’australiens en vadrouille dans le monde, un sud africain professeur d’anglais en Corée et une charmante suisse qui s’apprête à traverser l’Asie Centrale pour revenir chez elle. Je redécouvre à Pékin une ville agréable, des petites habitudes, une cuisine plus facile d’approche et mes dernières visites en solitaire, la Cité Interdite et la place Tiananmen. Le sentiment est fort agréable: je sais tout autant profiter de la présence des lieux mais aussi de celle des gens. Voyager est un art et j’en ai maintenant des notions bien avancées. Je pense au retour mais aussi au prochain départ. Revenir à Paris n’est pas vraiment différent de prendre l’avion pour Kathmandu ou Bornéo. Ce n’est en fait qu’une autre destination.
Posted in Uncategorized
Échelle chinoise
Non, ce n’est pas l’équivalent de notre ascenseur social. C’est le premier chapitre de mon voyage en Chine. Les articles arrivent avec quelques semaines de retard et le jour même de mon retour à Paris mais tant pis. Ces derniers jours à Beijing ont été surprenants. Après deux ans sur la route, c’est un sentiment de calme et de tranquilité qui est mon compagnon principal de voyage. Pas d’excitation particulière à revenir en France, ce n’est qu’une autre étape dans un voyage sur une échelle encore plus grande, celle de toute une vie. Je ne vois pas des portes se fermer mais plutôt de nouvelles qui s’ouvrent. L’adaptabilité est la principale qualité du voyageur: on s’adapte aux nouveaux environnements, aux nouvelles cultures, cuisines, conditions, langues, etc. On s’adapte donc aussi bien au retour qui, même si certains prophètes et experts me prédisent des semaines grises et déprimantes, ne sera pas plus difficile que d’atterir à Delhi, Hong Kong ou Kathmandu.
Ce blog restera actif lors de mon retour car il y a beaucoup d’articles sur les aspects du voyage que j’aimerais partager, principalement des conseils pour ceux qui voudraient partir de la même manière, avec un sac et de grands rêves d’aventures. Lors de ma phase de préparation, j’ai beaucoup apprécié certains blogs et c’est donc à mon tour de contribuer à ma modeste mesure à la communauté de tous ces ‘backpackers’ qui arpentent les routes du monde.
À bientôt pour la suite!
-Richard
===
L’échelle chinoise
Et voilà, après un passage sans encombre de Hong Kong à Shenzhen, la Chine est là, prête à ce que je la découvre. Vingt-cinquième pays sur un itinéraire de vingt-trois mois, après avoir visité cinq de ses voisins, ma destination finale était enfin atteinte.
Des appréhensions? Bien sûr, comme tout voyageur, je ne peux éviter les a priori, les idées préconçues, les récits d’autres globe-trotters et mon ignorance de beaucoup de facettes de ce pays de plus d’un milliard d’habitants. Première réaction? Une bonne partie du milliard de chinois semble se trouver en ce moment dans la gare de Shenzhen. Loin de la rigidité et de l’organisation de Hong Kong, en Chine on se pousse, on s’entasse, on se marche sur les pieds pour prendre place à bord du train. Des gardes de sécurité vocifèrent des ordres incompréhensibles, des vieilles dames foncent tête baissée dans la foule, les hommes qui ont chaud s’aèrent en roulant leur t-shirt et exhibant leur ventre dodu, une odeur infecte émane des toilettes, bienvenue dans un autre monde caractérisé par un chaos organisé aux proportions titanesques, où tout ce qui se fait est à l’échelle chinoise.
Rien ne peut être petit dans ce pays. Tout doit être pensé, construit et contrôlé avec la contrainte que des millions de chinois suivront. La demie-mesure n’existe simplement pas. Le train est bondé mais nos billets sont en classe ‘soft sleeper’ et nous avons donc la chance d’avoir des couchettes confortables, de la place pour éviter la claustrophobie et même la chance de faire connaissance de David, un homme d’affaires dans la vingtaine qui parle un anglais impeccable. Il travaille à Shenzhen dans l’import-export. Il nous offre cours de chinois, une partie de son dîner, de nombreux conseils et, à travers le fil des discussions, un portrait de la Chine moderne. Une certaine obsession mercantile, un sens du devoir, (envers la famille et envers le travail), une fascination pour Mao et une envie de voir le monde le caractérisent. David (qui a adopté ce nom pour faciliter les échanges commerciaux) prend quelques jours de congé pour voir sa famille et son grand-père malade. Il est mon premier chinois rencontré dans ce pays. David est tout simplement fascinant. Ils ne parlent pas tous anglais comme lui, mais il existe des millions d’autres David en Chine, des jeunes hommes et femmes en quête d’une vie riche et prospère sans contrainte. La nation est en marche, c’est l’échelle chinoise.
Gui Lin, la première étape après Shenzhen, sera tout ce qu’on s’attend d’une ville chinoise moderne: grise, laide, aux immenses avenues bruyantes, un véritable foyer de pollution. Pourtant, dans cette région du Guangxi, les formations karstiques qui longent la rivière Li créent un panorama si féérique qu’il est dommage d’y trouver un ville si triste. L’intérêt de s’arrêter à Gui Lin sera la possibilité de descendre la Li jusqu’à Xing Ping et ensuite Yangshuo et aussi d’aller marcher dans les rizières en terrasse autour de PingAn. Encore une fois, c’est l’échelle qui frappera. Les rizières en terrasse, la fameuse Échine du Dragon, s’étendent à perte de vue. On ne peut rester impassible devant les efforts colossaux nécessaires à construire ces champs surréalistes. Il ne faut qu’à peine deux jours pour marcher de Dazhai jusqu’à Ping An, pour revenir ensuite vers Gui Lin, mais le résultat de siècles de travail minutieux et constant s’admire sous tous les angles, lors de la montée aussi bien que la descente. Jusqu’à Ping An, il n’y a que très peu de traces du tourisme de masse. Certes, certaines maisons traditionnelles sont refaites et transformées en hôtels pour les promeneurs mais les villages le long du sentier gardent un charme rustique. Par contre, Ping An comporte des signes inquiétants: des touristes chinoises s’y déplacent en chaise à porteur (pas évident avec toutes ces marches), les restaurants y abondent, aussi nombreux que les boutiques de souvenirs kitschs et autres bricoles inutiles. Tout cela n’est pourtant rien comparé au vrai test, à la vraie découverte du tourisme chinois: Yangshuo.
L’échelle chinoise, c’est aussi de prendre des sites comme Yangshuo, un petit village le long de la rivière Li, un refuge entre quelques sommets karstiques, et d’en faire un immense centre de divertissement pour touristes de passage. Boîtes de nuit, restaurant, boutiques de souvenirs, tout y passe. C’est bien sûr le lot de bien d’autres endroits dans le monde, mais, à nouveau, on ne peut saisir l’ampleur du pouvoir de transformation du tourisme de masse chinois qu’en visitant ces sites. Plus rien n’y a d’authenticité ou de traditionnel, tout ce qui est visible porte un aspect plastique, une vision de ce que serait la chose si Disney ou un autre marchand de rêve s’en serait emparé. La nation est en marche vers ses précieux congés annuels, rien ne l’arrêtera.
Pourtant, c’est lors d’une balade en vélo dans les environs de Yangshuo que je redécouvre cette Chine qui fait rêver les voyageurs (étrangers, bien entendu). De minuscules villages où le temps s’est arrêté, des champs, un fermier qui tourne la manivelle de sa machine à trier le riz, des petits chemins qui mènent on ne sait trop où, peut-être vers de magnifiques photos d’une contrée qui, au final, n’a pas tellement changé. Le portrait de Mao trône au-dessus de vieilles dames qui discutent devant la télé. Xingping est le village parfait : confortable pour le touriste mais avec un charme traditionnel qu’il fait bon découvrir. Les légions du tourisme ne font qu’y passer en journée et ignorent l’endroit la nuit venue.
Ce n’est certes pas ce que le touriste de Shanghai ou Beijing est venu chercher, bien confortable dans sa vision et son expérience d’une Chine romantique comme la décrivait jadis les poètes impériaux, mais c’est aussi le signe que malgré l’échelle incommensurable de la transformation du pays, il reste au détour d’une ruelle ou au bout d’un sentier un parfum de bout de monde, des sourires de gens locaux et des découvertes qui méritent d’être partagées. L’aventure commence de belle manière, avec un défi personnel de contourner le plastique et le mauvais goût pour trouver ce que je suis venu chercher dans ce pays. Un défi à l’échelle chinoise.
Posted in Uncategorized
À la recherche d’inspiration
Pas facile de trouver l’inspiration en Chine. Je parcoure le pays sans vraiment trouver ce que je suis venu chercher. Tant pis, ce sera sûrement pour une autre fois. Détour totalement imprévu: le Tibet. Après avoir rencontré deux sympathiques anglais, Mike et Steve, j’ai complètement changé mon itinéraire pour les suivre jusqu’au toit du monde, à la recherche de ce que j’avais trouvé au Népal il y a déjà deux ans. Pour l’instant, c’est un succès! Nous partons ce matin vers le camp de base de l’Everest après quelques jours à Lhasa. J’ai quelques articles à poster concernant le reste de mon parcours chinois mais cela devra attendre mon retour vers le centre de la Chine, à Xian, dans cinq jours.
Bonne semaine à tous.
Posted in Uncategorized
Le long de la rivière
Après quelques jours passés dans la région de Gui Lin, dans le Guangxi, je pars ce soir pour Kunming, dans le Yunnan, me rapprochant ainsi des montagnes et de l’air frais. Pour ceux à qui ces noms ne disent absolument rien, sachez que le Guangxi est quelque part au nord du Vietnam, avant d’entrer dans le ‘centre’ de la Chine. C’est une région bien connue pour ses paysages de formations karstiques, comme on trouve dans la baie d’Ha Long (Vietnam) ou Vang Vienh (Laos), le tout à l’échelle chinoise (c’est à dire beaucoup, beaucoup plus). Le Yunnan, c’est la région au nord du Myanmar, vers la fin du croissant himalayen. C’est une des portes d’entrée du Tibet. Montagnes, glaciers, randonnée et petites villes pleines de charme.
J’écrirai plus longuement sur la Chine comme destination touristique et le fait que c’est le tourisme local qui pousse le développement de cette industrie à travers le pays. Des millions de chinois visitent leur pays et tout se transforme pour leur plaire, ce qui n’est pas toujours compatible avec les attentes occidentales.
À bientôt.
Posted in Uncategorized
Retour confirmé (ou presque!)
Et voilà, avant d’entrer en Chine, je sais déjà quand je vais en sortir. Le 26 septembre, ce seront les russes, via Aeroflot, qui me ramèneront en France. J’attends la confirmation de la transaction bancaire et le tout est dans la poche. Il ne me reste plus qu’à découvrir la Chine en mode auto-pilote. En effet,j’ai retrouvé Inès à Hong Kong ( ma partenaire de voyage du Myanmar) et elle a construit tout un itinéraire jusqu’à Pékin. Trop facile!
À bientôt les français, préparez l’apéro.
Posted in Uncategorized
Dernière des dernières
Voici la dernière plage, la dernière visite à Hong Kong, le dernier vol. Voici le temps de revenir à Paris et d’y retrouver ce que j’y avais laissé. Après un long séjour en Australie, un dernier passage à Bali, terre tant aimée, et une semaine à Hong Kong, je vais traverser ma dernière frontière et entrer en Chine.
Mon dernier vol sera celui qui me ramènera de la lointaine Asie vers l’Europe, depuis Beijing jusqu’à Paris. L’odyssée se termine sur la découverte d’un pays mystérieux, un aperçu de ce qu’une autre Asie peut offrir. Contrairement à Marco Polo, la route du retour ne sera pas particulièrement longue. Il ne me reste en fait qu’à trouver le vol le moins cher pour la période la plus propice (vers la fin septembre) et tous ces kilomètres parcourus jusqu’à présent seront bien loin derrière moi. Je voulais prendre place à bord du Trans-Sibérien ou revenir vers l’Europe à travers l’Asie centrale mais le coeur n’y est plus. Il est temps de rentrer, mais si ce n’est peut-être que pour mieux repartir.
Les dernières semaines sont difficiles à expliquer et quelques personnes se sont interrogées sur le sens de revenir à Bali, pour une troisième fois (ainsi qu’à Singapour, pour une cinquième fois!) mais je ne répondrai que par l’évidence: je vais là où je veux, là où mes envies me guident. Bali restera toujours cette île exotique et merveilleuse, mon jardin d’Eden. J’y retournerais encore et encore. Une anecdote? Au cours de mon dernier passage dans l’île, j’ai fait la connaissance de Puspa, une charmante dame qui, tenez-vous bien, se sert de son expertise culinaire acquise en France pour préparer dans son atelier de Denpasar une merveilleuse charcuterie bien franco-française. De divines rillettes de canard, des terrines, du jambon, du chorizo, du pâté de campagne, etc, etc. Un parfum de France sous les tropiques. Les expatriés en raffolent et les prix sont raisonnables. La matière première ne manque pas: le cochon et le canard sont à l’honneur dans la cuisine balinaise. Puspa est un phénomème: elle a vécu quatre ans en France et dix-huit ans en Australie, où elle avait un restaurant. C’est Bali, c’est une nouvelle découverte à chaque fois que j’y remets les pieds.
Entre Bali et Hong Kong, je suis passé par Singapour et l’île de Tioman, en Malaisie, un endroit de rêve, avec des plages de sable fin et une vie de Robinson Crusoe (ou presque) tant certains endroits étaient déserts. Un long trajet de bus vers Kuala Lumpur, un au revoir à Tannith qui repart vers l’Angleterre et me voilà donc dans Hong Kong qui, cette fois, m’enchante un peu moins qu’auparavant. C’est décidé, ma ville préférée reste Singapour.
Demain je passe donc la frontière entre Hong Kong et la Chine (en métro..) et je commence mon périple dans cet immense pays. L’internet y est contrôlé et les blogs ne sont pas les bienvenus et il est donc possible que ce site ne soit pas mis à jour avant mon retour. Un peu comme pour le Myanmar, il faudra attendre la fin du voyage pour lire les articles. Enfin, je compte bien utiliser ma toute nouvelle acquisition: un Canon 7D, un reflex numérique qui remplace mon vieux 400D. Le potentiel pour des photos saisissantes est là, il suffit maintenant de l’utiliser. Attention les yeux!
Posted in Uncategorized
Sur les terres des Princes
Je pourrais à nouveau écrire des pages et des pages sur le concept flou du “contact avec le local”, à la fois rêve et illusion des voyageurs idéalistes. Dans le cas de l’Australie, qui pourraient bien être ces fameux “locaux”? Blancs européens? Aborigènes? Dans ce dernier cas, même le contact le plus simple semblait difficile à établir. De Karratha à Broome, la plupart des aborigènes que je croisais étaient assemblés devant les centres commerciaux ou autres immeubles publics dans un état d’hébètement causé par l’alcool, la drogue ou, plus simplement, le manque d’un réel avenir. Pas de méchanceté ni de menace si ce n’est les effets d’ivresse habituels mais une distance, un malaise, qui feront qu’à mesure de mon avancée vers le nord du pays, là où leur présence est plus forte, je me demandais si j’allais éventuellement pouvoir franchir le pas. Les musées et centres culturels à l’entrée des pars nationaux sont certes informatifs mais absolument impersonnels, l’équivalent de lire un livre sur une population située à l’autre bout du monde. Il devait bien y avoir un autre moyen de parvenir à ce contact. C’est lors d’un arrêt improvisé, le long de la grande route du nord, quelque part entre Broome et Kununurra que tout changera, qu’un coup de pouce du Destin m’a offert ce que je cherchais et bien plus encore. Des princes pas comme les autres nous ont offert, à Tannith, moi, Ludovic et Anushka (un couple rencontré à Broome) trois jours merveilleux sur leurs terres.
L’objectif était de visiter un site sacré, des grottes connues sous le nom de Mimbi Caves. La communauté Gooniyandi y a une longue histoire et fait maintenant visiter ce lieu aux quelques touristes qui ne traversent pas la région à toute vitesse ou qui ne suivent pas la (trop) populaire Gibb River road, véritable autoroute pour véhicules tout-terrain qui passe plus au nord. La région fascine par son passé géologique en raison de la formation de ces grottes et falaises, vestiges d’un fond océanique, et les premiers habitants y trouvèrent un refuge pendant les nuits fraîches de l’hiver (saison sèche) et lors des pluies torrentielles de l’été. La visite est guidée par Ronnie, un immense bonhomme au teint foncé et aux traits légèrement asiatiques, héritage de son père malais. Immédiatement, on sent l’hospitalité du monsieur. Tannith n’avait pas acheté son ticket à l’office de tourisme la veille et préférait rester à nous attendre? Qu’à cela ne tienne, elle pourra se joindre au groupe si elle le désire. Ronnie ainsi que Delwyn, propriétaire légal des lieux, nous emmènent au cœur de ce dédale naturel et racontent toutes les légendes que nos esprits ébahis peuvent bien comprendre. La pause lunch sera à base de ‘damper’, ce délicieux pain cuit sur les cendres et du ‘billy tea’, le thé de la brousse. Ronnie sort sa guitare et entame quelques chansons en anglais pour ensuite, à la demande générale, nous offrir aussi la chance d’entendre sa langue maternelle en musique. C’est une journée bien remplie qui se termine devant la caverne des mères, là où les femmes enceintes venaient mettre au monde leur enfant. Le groupe se sépare, les autres touristes repartent satisfaits de leur aventure mais nous restons un peu avec Ronnie. Et c’est là que la magie se fait, sans même nous en rendre compte.
Après une bonne heure à discuter, Ronnie et Delwyn nous invitent à camper sur leurs terres pour la nuit. Devant la caverne sacrée, au pied des falaises, l’endroit est bien différent des haltes routières dont nous avons l’habitude. L’offre ne se refuse pas! Ronnie nous promet qu’il viendra nous chercher le lendemain pour nous faire visiter une autre grotte sacrée, une de celles qui n’est pas au programme des visites. Il reviendra ensuite nous voir plus tard dans la journée pour s’assurer que tout va bien, nous apportant de l’eau potable et d’immenses morceaux de viandes à griller sur le feu. Encore plus de chansons et encore plus d’histoires viendront terminer cette première journée surprenante.
La visite du lendemain sera riche en émotions. Cette fois-ci, ce sera beaucoup plus sport. Il faudra ramper dans des couloirs naturels exigus et braver les stalactites pointus pour finalement aboutir dans cette grande salle magnifique, décorée d’ailes d’anges, de nombreuses volutes naturelles et de tout ce que la nature peut faire de spectaculaire avec le passage des siècles. C’est l’endroit de discussion et de décision pour les membres de la communauté. et aussi là où ce déroule les cérémonies d’initiation. Ronnie demande à chacun de partager ses impressions, de faire part de ce que nous retenons de l’expérience. Je suis honnête: bien loin des ‘cousins’ aborigènes poussés en marge de la société qui hantent les rues des villes de province, la communauté de Ronnie et Delwyn est tout ce qu’il y a de plus charmant, de plus accueillant. On souhaite à ces premiers habitants de l’Australie de pouvoir un jour vivre de la sorte, de ce qu’ils ont, sans vendre leur patrimoine mais plutôt en le partageant. La communauté de Mimbi est minuscule, avec quelques baraques que ne paient pas de mine, une poignée d’adultes et une douzaine de gamins qui passeront leur journée avec nous. Mais ils ont le luxe d’être chez eux, d’avoir cette fierté et ce plaisir de pouvoir inviter qui voudra bien franchir le pas et sortir de la route balisée.
C’est aussi cette liberté d’être sur leurs terres qui leur permettra de nous faire découvrir encore bien des aventures. Si la chasse nocturne au kangourou en pleine nuit (avec pickup et un spot lumineux, évidemment) est plutôt de tradition moderne (et sanglante!), la préparation de la viande reste des plus simples. Cuite sur le feu, avec la queue enterrée sous les braises pour une cuisson lente jusqu’au matin. Les restes (ie. les tripes) de la bête seront aussi cuits sous la braise pour un ‘délice’ qui, à défaut d’être un franc succès auprès de nos palais occidentaux, aura tout le goût du ‘bush cooking’, de la cuisine du pays. Et si tout cela ne suffisait pas encore, nous aurons aussi droit à des boomerangs, des petits-déjeuners gargantuesques et même la possibilité pour Ludo de regarder le premier match de l’équipe de France en direct chez Ronnie, aux petites heures du matin. Cette avalanche de petites attentions et ces moments magiques passés ensemble nosu rendent certes quelque peu mal à l’aise tant nous ne pouvons rendre cette généreuse hospitalité mais tout se fait si naturellement qu’au moment de partir, on ne peut attendre de raconter cette aventure à qui voudra bien l’entendre et ainsi faire connaître à tous cette hospitalité aborigène légendaire. Nos amis étaient prêts à tout partager, de leurs traditions jusqu’à leur vie de tous les jours, un vrai trésor princier.
Il serait facile de tomber dans le cliché, de sortir les phrases maintes fois entendues quant à ces gens ‘simples’, qui vivent si ‘près de la nature’ et qui ont tout et rien à la fois. Tous ces clichés sont à la fois vrais et faux, selon le cas, et tant pis s’ils résonnent de tant d’autres écrits sur les expériences de voyageurs autour du monde. Pour une des rares fois au cours de ce voyage de deux ans, le contact avec le ‘local’ était franc, sincère, sans appréhension ni mercantilisme. Ces princes des terres australes nous ont offert une expérience unique et c’est tout ce que je peux souhaiter à quiconque décide de parcourir les milliers de kilomètres de la brousse australienne.
Merci à Tannith et Anushka pour certaines photos.
Posted in Uncategorized
Les kangourous du Pilbara
Ça y est, je m’en suis pris un. Techniquement, je devrais plutôt dire que je m’en suis pris une. Une femelle kangourou, une mère suivie de près par son petit – on les appelle les ‘joeys’– qui n’a rien trouvé de mieux que de sauter devant mon camping-car à la carrosserie jusque-là (presque) parfaite. On m’avait dit de ne jamais conduire la nuit, que ces pestes de kangourous, ainsi que les affreux émus, ne feraient qu’une bouchée de mon précieux véhicule. Pourtant, cette femelle sortie de nulle part ne s’est pas fracassée sur mon pare-choc au crépuscule ni sous un ciel étoilé mais en plein jour, au soleil brûlant du Pilbara, cette région du nord-ouest de l’Australie, véritable test d’endurance pour le chauffeur infatigable que je croyais être.
Mais rassurons tout d’abord ceux qui s’inquiètent du sort de notre femelle kangourou à la vision périphérique limitée: elle semble s’en être sortie vivante (mais peut-être pas indemne). Le petit joey quant à lui a sagement stoppé sa course avant que l’Econovan ne le broie. Surpris par le bond soudain de ces deux animaux sur ressorts, avec un autre camping-car à pleine lancée arrivant en sens inverse, toute manœuvre d’évitement était futile. Dans mon rétroviseur latéral, je pouvais apercevoir la femelle, sonnée mais toujours debout, de l’autre côté de la route, les yeux fixés sur son petit, s’assurant que le monstre d’acier l’avait épargné. À voir la quantité incroyable de kangourous morts le long des routes de l’Australie de l’Ouest, ces deux petites bêtes ont eu de la chance. Le décor du Pilabara est le même sur des centaines de kilomètres: désert, buissons, routes rectilignes à perte de vue, des milliards de mouches, et, lorsqu’on s’approche de la côte, une mer turquoise, souvent agitée, qui se brise brutalement sur des plages perdues. La présence humaine se limite à quelques villes-champignons qui poussent au gré des exploitations minières et gazières. Un centre commercial, quelques ‘bottle-shops’, des stations services pour y abreuver les immenses 4×4 aux couleurs des compagnies minières et une armée de travailleurs en uniforme de combat, salopette et bottes de travail, nécessaire à tout labeur lié de près ou de loin à l’exploitation du sol et de ses richesses (oui, même le comptable de la boîte doit pointer dans son bleu de travail). Exmouth, Karratha, Port Hedland, des noms inconnus pour le touriste qui arrive dans la région. À l’arrivée dans Port Hedland, au débout de l’autoroute, un panneau indique un arrêt photographique digne d’intérêt pour les touristes. L’objet de cet émerveillement présumé? Une montagne de sel d’un blanc virginal, véritable sommet rendant hommage à la gloire industrielle. Port Hedland sait nous faire rêver.
Alors que faire dans cette région a priori impitoyable, apparemment dénuée de présence humaine intéressante, aux mornes paysages de plaines désertiques et à la vie animale hostile aux véhicules? Comme toujours en Australie, la réponse se trouve au bout de la route, au bout de quelques centaines de kilomètres. Comme toujours en Australie, il faut gagner sa récompense pour bien l’apprécier. La route qui mène à Exmouth, tout au bout d’une péninsule qui semble ne jamais finir, semble peut-être mériter le prix de la plus triste du monde mais le parc national de Cape Range (et le Ningaloo Reef), le long de la côte, est un endroit incroyable. Trente kilomètres après Exmouth, l’endroit n’est pourtant guère différent du reste. Mais à peine dans l’eau, à quelques mètres du sable blanc, la vie sous-marine explose. D’immenses raies, un arc-en-ciel de corail et des poissons de toutes tailles abondent. Impossible d’en retenir tous les noms: snappers, empereurs, etc, etc. L’expérience est magnifique. Si le site de camping au cœur du parc n’est en fait qu’une dune balayée par le vent et écrasée par le soleil, le spectacle diurne offert par la mer et celui nocturne que procurent les étoiles de l’hémisphère sud me font rester sur place bien plus longtemps que prévu.
Au bout de ces routes, après un long détour loin de la côte, on trouve aussi une autre source de vie: une oasis tropical, fenêtre sur ce qu’était ce continent avant de s’assécher pour toujours. Deux heures au sud de Karratha, après de nombreux kilomètres sur une route de terre et de poussière, le parc de Chichester-Millstream est certes petit en surface mais riche en paysage. La morne plaine du Pilbara se couvre soudainement de collines abruptes au sommet plat dans un style qui rappelle les grandes étendues à l’ouest du sol américain. La conduite devient enfin passionnante, avec des virages, des montées, des descentes. Après deux milles kilomètres de plat, la moindre inclinaison prend des allures de rallye de Monaco. Plus au sud, une rivière sort de son cours souterrain pour donner vie à un fantastique microcosme de vie, avec de beaux grands arbres (pas vus depuis Perth..), des milliers d’oiseaux, des poissons d’eau douce et, chose encore plus inattendue au centre du désert, des nénuphars. C’est lors d’arrêts comme celui-ci, et non pas devant une pile de sel, que l’on prend le temps de lire un peu plus sur le pays, sur son histoire aussi bien géologique que culturelle, et qu’on apprécie ce qu’il est. L’information est là, sur les traditions des aborigènes, sur l’utilisation des plantes qui poussent autour de nous et sur les efforts européens pour faire de ce lieu presque secret des terres de pâturage.
Plus loin, beaucoup plus loin, le parc de Karijini sera un autre test d’endurance. Plus de trois heures depuis Port Hedland, un paysage lunaire, une température accablante, mais, à l’arrivée, la surprise d’y trouver des gorges aux falaises rouges et des rivières aux eaux glaciales. Ce qui avait des allures de Grand Canyon au sommet prend des dimensions de claustrophobie à leur point le plus bas. C,est l’occasion parfaite pour grimper, pour jouer à Spiderman sur les parois glissantes, pour profiter de l’ombre au plus fort de la journée et se réfugier sous les couvertures lors de la nuit glaciale qui suivra. Ici aussi il faudra gagner ces merveilles: routes cabossées qui détruiront ma suspension, crevaison sur les cailloux pointues, poussière rouge (le pindan) qui s’infiltrera partout dans le van, l’aventure sera à la fois satisfaisante et épuisante. Mais c’est le Pilbara, c’est l’Australie. C’est le pays qui se veut dur, où la difficulté doit faire partie du plaisir. On ne va pas en Bretagne pour se plaindre du temps pluvieux, on ne va pas dans la Pilbara pour se plaindre des routes sans fin et du désert omniprésent. Message reçu.
Pour la série complète de photos de l’Australie de l’Ouest, suivre ce lien.
Ps. Exmouth et Cape Range/Ningaloo ne sont pas exactement dans la région du Pilbara telle que les Australiens la définissent mais on est pas à quelques centaines de kilomètres près.
Posted in Uncategorized
Commentaires récents