Posted by: liblanc | February 24, 2009

De l’Asie à l’Asie

Une ville de gourmands!

Une ville de gourmands!

Ça y est, ça devait arrivé: je suis amoureux. Oui, amoureux d’une ville, Bangkok.

Lorsque je suis arrivé ici, je n’avais qu’une vague idée d’où je mettais les pieds, très peu d’informations sur le pays ou la ville et aucun guide de voyage à lire dans l’avion. Je suis arrivé à l’aveugle, sans aucun itinéraire précis. Je quittais l’Inde, j’enjambais le Golfe du Bengale et je revenais en Asie du Sud-Est presque un an jour pour jour après mon voyage au Vietnam. Comme choc culturel, on ne pouvait pas trouver mieux. Passer de l’Inde à Bangkok, c’est un peu comme entrer dans un parc d’attractions : c’est une surdose de tout ce dont on a été privé dans les derniers mois. Ce saut à Bangkok, c’est comme si j’avais été parachuté dans une autre dimension, ou du moins sur une autre planète.

Vache sacrée à Buddha

De la vache sacrée à Buddha

Commençons par contenter les gourmands parmi les lecteurs: il y a une odeur de viande grillée presque partout dans cette ville, chose impossible en Inde. Ça sent la saucisse, le poulet, le poisson et je ne sais quoi encore dans tous les endroits publics où un peu d’espace permet d’y glisser un grill et vendre de quoi nourrir les affamés. En Thaïlande, on ne mange pas de grosses portions mais on mange souvent. Finis les thalis à service illimité pour 35Rs et bienvenue dans le monde des brochettes à 5Bahts, des fishcakes et de toutes sortes de soupes où flottent d’étranges, mais savoureuses, boules de viande d’origine inconnue. Laissons derrière nos trop nombreuses précautions que nos fragiles systèmes digestifs imposent ; il faut savoir se laisser aller et suivre la foule. Bien évidemment, il est plus facile de “manger local” lorsqu’on a été en voyage à travers les tropiques pendant les trois derniers mois et je conseillerais la prudence à celui ou celle qui vient tout juste de débarquer de son avion en provenance de l’Occident aseptisé, mais il est inéluctable qu’à un moment ou un autre, il faudra bien goûter à cette formidable cuisine de rue. C’est de loin la meilleure en rapport qualité/prix. Et si les thaïs la consomment en si grand nombre, cela vaut bien toutes les recommandations du monde.

Une fois repus et prêt à explorer la ville, il est fantastique d’y voir à quel point elle est.. organisée. La ville est tout se qu’il y a de plus moderne. Un métro à la limite de la perfection, un SkyTrain aux allures futuristes, de grandes avenues, un système de ferrys rapide et pas cher, etc. La ville n’est pas très vieille, tout au plus deux siècles et demi, mais elle a été pensée, planifiée. On ne peut éviter le chaos typique d’une grande ville asiatique, mais même ce chaos apparent semble avoir été intégré dans la mégapole. C’est un mélange de maisons sur pilotis le long des canaux et de vertigineuses tours sorties d’un film de science-fiction. Au pied de ces nouvelles tours de Babel, des centres commerciaux comme nulle part ailleurs viennent rappeler que la Thaïlande est aussi une puissance économique et un haut-lieu de consommation, en bien et en mal, avec tout le côté ostentatoire que l’on peut lui reprocher.

Car c’est bien là que Bangkok affiche ses plus vilains défauts. La surconsommation est partout, des tonnes de plastique qui s’accumulent dans les poubelles de la ville jusqu’à la taille démesurée des voitures, 4×4 et pickups qui arrivent à peine à circuler tellement le trafic est dense. Prenons un exemple tout bête: ces fameuses brochettes qui cuisent le long des trottoirs. En Inde, la nourriture de rue est habituellement servie dans un papier journal. Ce n’est pas la solution la plus hygiénique et elle peut rebuter a priori mais c’est aussi la méthode la plus écologique (encore plus que la traditionnelle feuille de bananier). Le niveau de vie étant assez bas, l’écologie s’invite indirectement dans la vie de tous les jours. En Thaïlande, vos brochettes vous seront servies dans un sac de plastique. Ce sera la même chose pour votre jus de fruits fraîchement pressés (dans un gobelet en plastique et non dans un verre réutilisable) ou même votre pad thaï sur le pouce qui lui sera dans un contenant en styro (non récupérable et pas du tout biodégradable!). Une politique écologique est peut-être un luxe de pays riche mais lorsque l’on consomme à ce point, on ne peut plus prétendre être un pays pauvre qui lutte pour se faire une place parmi les grands ; ce pays, et sa capitale, fait bel et bien partie du club des consommateurs à outrance, il se doit de prendre certaines responsabilités.

Malgré tout, malgré ces quelques défauts, Bangkok m’a séduit. Elle a su me préparer ces bons petits plats dont je raffole. Elle sait aussi m’occuper, me divertir. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas eu un tel plaisir à déambuler dans un centre commercial (le Siam Paragon, à voir tellement il est gigantesque) pour ensuite aller voir un film dans un cineplex ultra-moderne. Ultra-moderne dans la technologie et le confort qu’il présente mais, avant que le film commence, il est toujours nécessaire de se lever pour rendre hommage au Roi et écouter l’hymne national. La modernité des cinémas 3D avec des systèmes de son du futur ne fera pas disparaître certaines traditions bien établies. Le Roi est plus qu’adoré par son peuple: il est adulé. Certains autres monarques dans le monde en seraient-ils jaloux?

Un sens inné de la fête

Un sens inné de la fête

Enfin, comment ne pas parler des thaïlandaises? Féminines, élégantes, sexys, souriantes, tellement de mots et de vies se sont écrits à leur sujet. Certains tableaux ne sont guère flatteurs, tels les gros occidentaux qui se baladent fièrement avec une thaï à leur bras, comme un trophée qu’il n’aurait jamais pu obtenir ailleurs, mais on ne peut refaire le monde et si les deux y trouvent leur bonheur, qui suis-je pour juger? Même si encore une fois j’ai parfois eu honte de mes ‘compatriotes’ au sens élargi (ie. les occidentaux), je garde espoir que certaines de ces relations soient fondées et sérieuses, au delà de la vénalité, ce qui rend les thaïlandaises encore plus adorables. Mais une chose unit thaïlandais, thaïlandaises et autres habitants au sexe indéterminé: ils adorent faire la fête et s’amuser. Dans une grande ville, savoir s’amuser et se détendre est important pour combattre la morosité qui peut parfois s’installer.

C’est tout cela et bien plus qui ont fait que j’aimerais tant revenir dans cette ville. Je n’ai pas vraiment apprécié le quartier des routards, autour de Kao Sanh road, et ici aussi le comportement des touristes occidentaux est plutôt dérangeant. On est en effet bien loin de l’Inde et de sa retenue imposée. Ce que moi je veux de Bangkok maintenant, c’est de pouvoir y vivre, pas seulement y passer avec mon sac à dos. Je pourrais aller dans le Lumphini Park pour faire du sport avec les thaïs et transpirer un bon coup sous cette chaleur écrasante. Je pourrais aller faire mon shopping dans le Chatuchak Weekend Market, là où on trouve absolument de tout, mais alors vraiment de tout, des animaux jusqu’aux soieries en passant par des meubles, œuvres d’art et poissons séchés. Je pourrais me balader le weekend sur les canaux autour de la ville et découvrir certains villages plus traditionnels. Je pourrais, ou plutôt de devrais, occuper un emploi permanent, dans une de ces grandes tours du centre-ville et profiter de l’air climatisé lorsque je devrais remettre costard et chemise. C’est la vie de tous les jours qui semble intéressante et passionnante dans cette ville et, pour un citadin confirmé comme moi, Bangkok semble être une compagne idéale.

Bangkok by night, la version 'clean'

Bangkok by night, la version 'clean'


Responses

  1. et bien Ulysse le chant mélodieux des sirènes de la grande ville t’as envoûté ?

    le tour du monde pourrait donc s’arrêter à Bangkok ? ou il y finira ?

  2. Je sais maintenant ce qui a eu raison de toi en Inde…
    l’absence d’odeur de viande grillée … toutes étaient de la sauce sauf celle -là …
    Il faut t’écouter aujourd’hui parler de saucisses grillées…, poulets rotis… , brochettes de boulettes de viande (d’origine inconnue.!!!..) tu en salives, tu en baves de plaisir…!
    Un régime qui semble t’avoir remis “du pep dans le soulier” pour de nouvelles aventures .
    Au plaisir de te lire.

  3. On peut enlever un homme de l’occident mais on ne peut pas enlever l’occident de l’homme. Les tours à bureau te manque… vraiment…?

    J’ai beaucoup de plaisir à te lire. L’hiver perdure au Québec… Bangkok m’a l’air bien plus invitante à ce temps-ci de l’année. Bonne chance pour la suite.

  4. Salut Richard !

    Décidément, tu ne changes pas !! Même à plusieurs milliers de kilomètres de nous tu arrives à nous communiquer ta soif de découverte !
    Ton récit nous démontre qu’au-délà de nos petites vies confortables et tranquilles, des pays et des cultures étonnantes ne demandent qu’à être découverts !
    Mais pour cela, il faut avoir les c**illes de partir sans savoir quand revenir… Laisser derrière soi femme, enfant, voiture et lit douiller, c’est pas donné à tout le monde….
    Et c’est bien pour cela que ce que tu réalises en ce moment marque tout ceux qui te connaissaient dans ton passé de sédentarisé : nous voyageons à travers ton récit, nous qui n’oserons jamais entreprendre ce genre de périple ! Et c’est confortable : au chaud, sur un fauteuil ou une chaise, lorsque l’on est fatigué pour toi, on arrête de te lire ! Une p’tite pause “série télé” et on repart sur les pistes de l’Asie !

    Encore bravo pour ce que tu réalises ! Il ne fais aucun doute que tu en seras profondément marqué à ton retour !

    Cédric

  5. Se pourrait il que la prochaine fois que je m’invite dans ton apart (d’ici un ou deux ans) ce soit a Bangkok? Cool je connais pas 😉

    Alors malgre tout ca donne quoi le cote trash de Bangkok by night? Interessant?

    Je sais pas pourquoi mais j’ai l’impression qu’il va y avoir une grande difference entre la capitale et le reste du pays. Vivement tes prochains posts pour confirmer ou infirmer cette impression d’un occidental moyen.

    A +

    PS: au fait en passant, je ne sais pas au juste quel type de “styro” ils utilisent mais le polystyrene (PSE) se recycle tres bien. Comme toujours en matiere environnementale tout est une histoire de volonte…

  6. Bonjour Richard,

    Enfin je me connecte sur tes aventures, si j’avais pu m’imaginer…Merci, merci de nous faire partager tes récits éloquents, merveilleux paysages, lieux insolites, couleurs enivrantes, photos sublimes. Je ne suis qu’à la moitié de la lecture de tes épopées et je suis subjuguée par tant de beauté, de sagesse, d’humilité et de courage.
    A la maison tu as trois nouveaux supporters, nous allons à l’avenir suivre avec grand intérêt la suite de ton périple. Dom est scotché sur Varanasi depuis dimanche, je sens poindre une discorde sur le choix du lieu de nos prochaines vacances, Morgane la « précieuse » se purifiant dans le Gange rien que pour voir cela, je veux être du voyage.
    Bon courage pour la suite.
    Bises de nous trois Wickie

  7. J’apprécie le topo écologique! ça ne m’étonne pas que tu aies elu Bangkok pour ton prochain QG, on ne tardera surement pas à te rejoindre…

    Tu seras où pour la saint patrick ? n’oublies pas de boire une bière à ma santé !!

    bzoo

  8. Moi je serai plus sensible au topo sur les Thailandaises où, je dois dire que pour la 1ère fois, je ne suis pas d’accord avec ton avis! Si tu les trouves belles, attends d’être au Vietnam! Elles sont tellement plus élancées, fines et nobles! En Thailande j’ai plus ressenti leur dévergondage qui flatte notre virilité latente mais objectivement parlant elles ne sont pas si belles…
    Il y a de plus en plus de chance que je me retrouve en Indonésie cet été, de la fin juillet à la fin aout, sur les iles Gili à guider quelques plongeurs traversant la crise… si tu passes dans le coin… En tout cas, t’es bien où tu es, ici c’est affreux l’ambiance morose économique… Je savais que la thailande te plairait, n’hésite pas à louer des motos et partir dans les petites routes secondaires ; la jungle est magique!

  9. Salut Richard !

    Je suis ton voyage fantastique dans l`Est de L`Univers et je lis avec admiration les details de ton parcours dans le pays de mes ancetres.Bonne Continuation et je te souhaite beaucoup de bonheur, de paix et de serenite . Prends soin de toi.
    Bises.

  10. Merci à tous pour les commentaires!

    Aitana: Le topo écologique, c’est un peu en pensant à nos discussions autour de samosas servis sur une feuille de bananier en Inde! Ici c’est l’enfer du plastique. Quand je bouffe des saucisses (et que j’en achète tout le temps!), ils les emballent parfois jusqu’à TROIS fois dans trois sacs différents. Ça fait peur.

    Gaelik: J’y pense aux Gilis. Peut-être bien en fait! Mais les thailandaises sont spéciales. Peut-être moins nobles et élégantes que les vietnamiennes mais beaucoup plus délurées et vraiment sexys. Mais c’est vrai que les vietnamiennes toutes habillées de blanc, se tenant droit sur leur vélos sont bien fascinantes.

    Geeta: Bonjour à toute l’île Maurice et la famille!

    Wickie: Ça me fait bien plaisir d’avoir de vos nouvelles! Je paye une bière (ou un bhang lassi) au premier de vous trois qui plonge dans le Ganges!

    Régis: merci pour la leçon de chimie 🙂

    Tout le monde: si en effet un jour je m’établis à Bangkok, vous serez les bienvenus! On se fera un BBQ saucisse, on mangera des trucs épicés qui rendent fou et on se boira des litres de bières sous la chaleur.


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